Source : « Résonance, Une sociologie de la relation au monde » de Hartmut Rosa

[…] il semble que l’on ait oublié le rôle majeur joué par la peau – y compris chez les adultes – comme membrane résonante entre le corps et le monde et entre la “personne” et son corps. La peau réagit immédiatement au “monde”, par exemple lorsqu’elle se contracte en chair de poule sous l’effet du froid ou rougit et se hâle au contact du soleil. Mais la cher de poule peut être aussi bien la conséquence d’un mouvement psychique par lequel le sujet réagit à un état ou un évènement perçu dans le monde, de même que le rougissement ou le pâlissement soudain du visage peut être motivé “de l’intérieur”, c’est-à-dire causé par des évènements psychiques.

Ce type de transformation cutanée – en particulier la cher de poule – ne peut guère se comprendre que comme l’expression visible d’une expérience de résonance dans le quelle le sujet est “touché” par quelque chose qui se produit dans le monde. Lorsqu’un frisson nous parcourt le dos, il peut être causé par des stimuli purement physiques, le crissement d’une craie sur un tableau par exemple, mais aussi par un morceau de musique qui entraîne une émotion intense, par une histoire touchante, par un spectacle poignant, etc. […]